Bourse : “Pour 2024, nous favorisons les grandes valeurs américaines”

Bourse : “Pour 2024, nous favorisons les grandes valeurs américaines”

Pour le directeur de la gestion Multi Asset chez Axa IM, la dynamique boursière des Apple, Amazon et autres Microsoft restera portée en 2024 par la puissante vague de l’intelligence artificielle.

L’Express : Le marché anticipe une baisse prochaine des taux directeurs par les banques centrales : est-ce crédible ?

Laurent Clavel : Une chose est sûre : aux Etats-Unis comme en zone euro, le pic des taux est derrière nous. Le compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) montre une grande unanimité sur le fait que la désinflation est bien installée, ce qui ouvre la porte à une possible baisse des taux d’intérêt. En revanche, le marché l’attend dès mars 2024, ce qui nous paraît prématuré.

Le début d’année pourrait être mouvementé ?

Dans un premier temps, nous pourrions assister à une séquence de consolidation, à la suite de la hausse excessive enregistrée en novembre et décembre 2023. Cela se manifesterait par une légère correction sur les marchés obligataires et actions. Dans ce contexte, nous avons réduit de façon tactique notre exposition aux valeurs de croissance – consommation discrétionnaire, industrie… – en faveur de la value – banques, services publics… A plus long terme, nous sommes positifs, tant sur les actions que sur les obligations.

Quelle est votre principale conviction pour 2024 ?

Nous favorisons les actions, particulièrement les grandes valeurs américaines. En revanche, il nous paraît encore trop tôt pour revenir sur les petites et moyennes capitalisations. Ces titres offrent des points d’entrée intéressants mais leur rebond est conditionné à une baisse des taux forte et rapide.

N’est-il pas trop tard pour jouer la tech, après la flambée que ces valeurs ont connue l’an dernier ?

Le phénomène a été particulièrement marquant au premier semestre 2023, où 90 % de la hausse a été accaparée par 7 valeurs [NDLR : Apple, Amazon, Microsoft, Alphabet, Meta, Tesla et Nvidia]. Les progressions ont été plus dispersées par la suite et leur valorisation ne nous paraît pas excessive à ce stade. Nous pensons qu’il serait dangereux d’être sous-pondéré sur l’ensemble de ces titres car la vague qu’ils représentent est puissante. Nous croyons au potentiel de l’intelligence artificielle générative. A l’heure actuelle, de nombreuses entreprises, œuvrant dans des secteurs non technologiques, réfléchissent à la façon d’intégrer cette innovation pour améliorer leur productivité, ce qui va engendrer des dépenses d’investissement favorables au secteur. Enfin, l’intelligence artificielle ne peut croître sans le cloud computing, qui repose essentiellement sur trois sociétés dans le monde [NDLR : Amazon, Microsoft et Google].

Comment vous positionnez-vous sur les obligations ?

Nous privilégions la dette souveraine, laquelle est sensible à un mouvement de hausse des taux, car elle offre une protection en cas de ralentissement économique plus prononcé qu’anticipé. Actuellement, la corrélation est positive entre les actions et les obligations souveraines : lorsque les taux bougent, ces deux catégories d’actifs évoluent dans le même sens. Mais si la situation économique devait se dégrader fortement, la corrélation basculerait. Cela entraînerait un bond de la volatilité sur les actions et les taux s’effondreraient. Les obligations souveraines sont un bon moyen de se protéger contre un tel scénario. Nous favorisons celles de la zone euro. Nous sommes moins enthousiastes à l’égard du crédit [NDLR : les obligations d’entreprises], dont nous jugeons les primes de risque trop faibles.

Quels facteurs pourraient perturber les marchés ?

Les élections américaines, bien sûr. La situation est différente de celle de 2016 car le consensus serait plutôt que Donald Trump soit élu. La surprise pourrait venir de la victoire des démocrates, ce qui entraînerait probablement une baisse des actions et un mouvement en faveur des obligations. Mais le marché ne s’y intéressera pas avant le deuxième semestre. A court terme, c’est la situation au Moyen-Orient qui doit être surveillée. Un embrasement pourrait créer un choc à la hausse sur les prix des matières premières, ce qui remettrait en question l’assouplissement de la politique monétaire et l’appétit pour les actifs risqués. Fin 2023, nous avons relevé notre exposition aux matières premières dans les portefeuilles.

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