Brésil : la charge de Macron contre l’accord UE-Mercosur

Brésil : la charge de Macron contre l’accord UE-Mercosur

Alors que la fin de sa visite d’État au Brésil approche, le président français Emmanuel Macron a mis “les pieds dans le plat”, selon sa propre expression, lors d’un Forum économique à Sao Paulo, la capitale économique. Selon lui, l’accord UE-Mercosur “tel qu’il est aujourd’hui négocié est un très mauvais accord, pour vous et pour nous”, a-t-il affirmé devant un parterre d’hommes d’affaires brésiliens.

Cet accord commercial, négocié entre l’Union européenne et le marché commun sud-américain du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) en 2019 après 20 ans de tractations, entend supprimer plus de 90% des droits de douane entre les deux zones en créant un espace de plus de 700 millions de consommateurs. Mais l’opposition de plusieurs pays dont la France a bloqué son adoption définitive, une opposition qui s’est renforcée avec la crise agricole qui sévit en Europe.

“Dans cet accord il n’y a rien qui prend en compte le sujet de la biodiversité et du climat. Rien ! C’est pour cela que je dis qu’il n’est pas bon”, a asséné Emmanuel Macron.

“Un accord de nouvelle génération”

Le président français a appelé de ses vœux la conclusion d’un autre accord qui tienne compte des enjeux environnementaux pour l’UE comme pour le Mercosur. “Finissons-en avec le Mercosur d’il y a 20 ans! Bâtissons un nouvel accord (…) qui soit responsable d’un point de vue de développement, de climat et de biodiversité”, a-t-il enchaîné. “Un accord de nouvelle génération avec des clauses miroirs qui facilitera l’accès au marché européen de vos entreprises (…) et qui sera plus exigeant de part et d’autre avec nos agriculteurs, nos industriels”.

Le président français a plus d’une fois affirmé son opposition à cet accord commercial dont les règles ne sont à ses yeux pas “homogènes” avec les règles européennes. Les clauses miroirs ont pour but que “la règle qui vaut à l’intérieur pour la production doit valoir à l’extérieur quand on facilite les importations”, avait ainsi martelé Emmanuel Macron en marge du Conseil européen extraordinaire du 1er février 2024. “On demande simplement que les règles environnementales et sanitaires qu’on impose à nos agriculteurs et à plusieurs autres professions soient les mêmes du côté, justement, des pays à qui on est en train d’ouvrir nos portes, sinon, ce n’est pas juste.”

Le Brésil veut des “échanges plus importants”

“Nous devrions exploiter au maximum les opportunités en vue d’échanges plus importants entre l’Union européenne et le Mercosur. Nous avons encore du temps”, a de son côté répondu le ministre brésilien de l’Economie Fernando Haddad mercredi à Sao Paulo. “Puisse le partenariat Brésil-France être de plus en plus bénéfique pour les deux pays”, a-t-il ensuite écrit sur le réseau social X.

Que a parceria Brasil-França possa ser cada vez mais proveitosa para os dois países. Com o presidente @EmmanuelMacron e o vice-presidente @geraldoalckmin
🇧🇷🇫🇷 pic.twitter.com/XZRInIpq41

— Fernando Haddad (@Haddad_Fernando) March 27, 2024

Poids lourd du Mercosur, le Brésil défend sans relâche l’adoption de l’accord avec l’UE, de même que certains pays européens comme l’Allemagne et l’Espagne.

Mercredi, Emmanuel Macron avait célébré avec son homologue brésilien la force du partenariat bilatéral en assistant au baptême du troisième sous-marin brésilien de conception française sur le chantier naval d’Itaguai, près de Rio. La France est le troisième investisseur au Brésil, avec plus de 40 milliards d’euros de stocks d’investissements directs. Mais les investissements brésiliens en France se montent à moins de deux milliards d’euros.

Pour le dernier jour de sa visite aujourd’hui, le président français va être accueilli dans la capitale Brasilia par Lula pour des échanges dominés par les grands enjeux internationaux.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *