Bronchiolite : le Beyfortus a-t-il permis un recul des épidémies cet hiver ?

Bronchiolite : le Beyfortus a-t-il permis un recul des épidémies cet hiver ?

Une saison moins agitée sur le front des épidémies. C’est la principale conclusion d’un premier bilan rendu public, mardi 27 février, par Grégory Emery, directeur général de la Santé. La saison hivernale rime avec la circulation de nombreuses malades virales, dont la grippe et la bronchiolite, affectant chaque année des millions de personnes.

La circulation de trois infections respiratoires aiguës est particulièrement scrutée par les autorités sanitaires : celle du Covid, de la grippe et de la bronchiolite. La saison hivernale 2022-2023, jugée “épouvantable” par Grégory Emery, avait provoqué une explosion des appels au 15 et saturation des services hospitaliers. L’automne-hiver 2023 s’est finalement révélé plus “serein”, a estimé hier le directeur général de la Santé, selon un bilan réalisé avec des responsables de l’Assurance Maladie et de Santé publique France.

La saturation du milieu hospitalier (urgences, pédiatrie) a été “observée ponctuellement” reconnaît Dr. Grégory Emery, mais elle a été “beaucoup moins généralisée et prolongée que l’année dernière”. En cause, une certaine évolution de l’épidémie de bronchiolite observée par les autorités sanitaires, jugée “différente” de la précédente saison hivernale. Le virus respiratoire syncytial (VRS), à l’origine de la bronchiolite, a impacté “beaucoup moins de bébés de moins de trois mois”, a annoncé hier le Docteur Emery. Ce dernier a toutefois rappelé que “les professionnels de santé sur le terrain” ont parfois “connu des gardes ou des week-ends difficiles”.

La piste du Beyfortus

Comment expliquer l’absence de survenue de lourdes épidémies au cours de cet hiver ? Cette saison est scrutée de près par les autorités sanitaires, qui cherchent à connaître l’efficacité du traitement préventif Beyfortus, un anticorps destiné aux nourrissons développé conjointement par Sanofi et AstraZeneca. Près de 250 000 nouveau-nés ont reçu ce traitement en France : un vrai succès qui a mené les autorités à le réserver aux maternités.

Il y a eu une “adhésion extraordinaire”, salue la professeure de pédiatrie Christelle Gras-Le Guen, “de l’ordre de 85 % d’acceptation des familles”, précise-t-elle. La chef du service des urgences et de Pédiatrie générale au CHU de Nantes, qui accompagne la campagne gouvernementale sur ce traitement anti-bronchiolite à base d’anticorps monoclonal, applaudit ce succès “dans un pays que l’on sait un peu vaccino-sceptique”.

L’immunisation de 250 000 nourrissons est-elle à l’origine du recul des épidémies hivernales observé par les professionnels de santé ? “Il est trop tôt pour mesurer précisément l’impact du Beyfortus sur l’épidémie et les hospitalisations”, avance Dr. Emery. Toutefois, les premiers résultats préliminaires paraissent “positifs”, estiment la pédiatre Christelle Gras-Le Gen et Laëtitia Huart, directrice scientifique à Santé publique France.

Une évaluation définitive de l’efficacité du Beyfortus sera rendue en juin, par la Haute autorité de Santé. A ce jour, seuls quatre pays ont eu recours à cet anticorps : la France, l’Allemagne, l’Espagne et les États-Unis. Des discussions sont déjà menées par les autorités françaises avec Sanofi, en vue d’une commande de doses pour la prochaine saison hivernale.

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