Bruno Le Maire, le déficit, la fiscalité : “Le courage, c’est de tenir sa ligne”

Bruno Le Maire, le déficit, la fiscalité : “Le courage, c’est de tenir sa ligne”

Que l’actualité semble serviable, parfois ! Alors qu’il publie La voie française (Flammarion) dont la quatrième de couverture indique : “Affirmer la France, bâtir une économie innovante capable de financer notre modèle social […] et de réduire la dette : telles sont les lignes de force de cette nouvelle voie française”, voici Bruno Le Maire pris dans le tourbillon d’un débat provoqué par la dégradation des finances publiques. Accentuer la pression fiscale ou périr, disent les uns. Raisonner nos dépenses publiques ou rien, leur répond le ministre de l’Economie et des Finances, conscient qu’il a, peut-être, devant lui un de ces moments fondateurs que la vie politique offre les années bissextiles.

Car depuis qu’enfle la rumeur d’un déficit public largement supérieur en 2023 à 5 % du PIB et précisé par l’Insee à l’aube ce mardi 26 mars, il n’a pas échappé au locataire de Bercy que ces vieux réflexes fiscaux qui resurgissent y compris au sein de la majorité peuvent lui donner l’occasion de se montrer à son avantage : garant d’une certaine épure macronienne de la première heure, et gestionnaire à la fois rigoureux et soucieux de repenser un modèle français tourné vers l’attractivité et devant récompenser davantage ceux qui travaillent. Alors, Yaël Braun-Pivet la présidente de l’Assemblée nationale, et les autres peuvent bien réclamer un effort fiscal, lui tiendra bon, “je le dis aux Français : augmenter les impôts, ce sera sans moi, désolé, que les choses soient bien claires”. “Force d’âme et clarté”, a-t-il coutume de répéter. L’accusé (d’avoir laissé le déficit exploser) se fait accusateur : les dépenses, les impôts, ce sont les autres.

Jusqu’à la rupture ? Si, en privé, il partageait quelques semaines plus tôt ses craintes – “Le gros risque du quinquennat, c’est un immense retour en arrière. Sur les impôts, est-ce que je gagnerai ? Je ne mettrais pas ma main à couper” -, Bruno Le Maire n’est pas de ceux qui quittent le navire par grand vent. “Le courage, c’est de tenir sa ligne.” La crise sanitaire, le contexte géopolitique tourmenté ont engendré des coûts qu’il est temps de freiner. Folle propension française à considérer toute nouvelle dépense comme définitive. Dernier exemple en date : le bouclier tarifaire pour les prix de l’électricité. En entendant les LR et la gauche crier contre sa suppression, le ministre de l’Economie n’a pu s’empêcher de vitupérer : “Je ne vais pas me faire dicter la leçon par des irresponsables !”

Pour éviter le tête-à-queue idéologique et rester fidèle à l’audace promise en 2017, il espère obtenir une taxation internationale des milliardaires mais surtout ouvrir une réflexion sur notre modèle social. Persuadé que Marine Le Pen séduit de plus en plus de salariés des classes moyennes, lassés de financer si fortement notre système de santé, Bruno Le Maire le martèle : il faut traiter le sujet. Une volonté qui se cogne à son expérience de ses sept années passées à Bercy, et que l’un de ses amis politiques n’a pas manqué de lui rappeler : “C’est comme si Anne Hidalgo nous expliquait dans deux ans que les rues de Paris sont sales, ça va être compliqué de se dédouaner de sa responsabilité.” Assumer ou rompre avant qu’il ne soit trop tard ?

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