Edgard Morin, Francis Ford Coppola, Hughes Aufray… La retraite, quelle retraite ?

Edgard Morin, Francis Ford Coppola, Hughes Aufray… La retraite, quelle retraite ?

Et un, et deux, et trois. Trois livres signés par Edgar Morin chez trois éditeurs différents sont publiés entre ce 24 avril et mi-juin. Une stupéfiante productivité de la part d’un sociologue et philosophe qui affiche 102 printemps ! Ne nous leurrons pas, Edgar Morin a peu trempé sa plume dans l’encre fraîche : Graines de sagacité (Fayard, le 5 juin) compile en 100 pages quelques réflexions passées de l’auteur, tandis que Conversation avec Edgar Morin (Zadig/Autrement, le 12 juin) propose une soixantaine de pages d’entretien.

Quant au troisième ouvrage, beaucoup plus consistant (400 pages), il tient du cabinet de curiosités. Il s’agit de La Méthode de La Méthode. Le manuscrit perdu, soit le troisième tome de son grand œuvre en six volumes, qu’il égara en 1983 et retrouva en 2006 alors qu’il l’avait depuis longtemps remplacé par La Connaissance de la connaissance. C’est ce manuscrit retravaillé qu’Actes Sud publie aujourd’hui à la “joie immense” de l’auteur, comme il l’écrit dans son avant-propos.

Reste que, même alimenté de textes a minima, le “label” Morin fait vendre depuis des années maintenant. 116 000 exemplaires de Leçons d’un siècle de vie, pour Denoël et Pluriel en 2021, 25 000 exemplaires pour les éditions de l’Aube la même année avec Frères d’âme (avec Pierre Rabhi et Denis Lafay), des milliers d’exemplaires en 2022 avec Réveillons-nous ! (Denoël) et Histoire(s) de vie, avec Laure Adler (Bouquins). Et rebelote en 2023 avec trois nouveaux titres (Encore un moment…, De guerre en guerre : de 1940 à l’Ukraine, Attends-toi à l’inattendu : dialogue avec Nicolas Truong) !

“La retraite ? Quelle retraite ?”

Edgar Morin n’est pas le seul “ancien” à faire le bonheur de l’édition. Deux exemples parmi tant d’autres : les lumineuses historiennes Mona Ozouf, 93 ans et sa grande amie Michelle Perrot, 95 ans, qui continuent de publier des ouvrages inspirants. “La retraite ? Quelle retraite ?” pourrait aussi s’exclamer Francis Ford Coppola, 85 ans, en compétition cette année à Cannes avec Megalopolis, son premier long-métrage depuis treize ans. De même en est-il d’Hugues Aufray, tout juste marié à 94 ans et de Pierre Perret, 89 ans, qui n’ont toujours pas remisé leur guitare, ou encore de Judith Magre, 97 ans, qui discourt sur les héroïnes de tragédie chez Racine en compagnie d’Olivier Barrot tous les lundis au théâtre de Poche Montparnasse.

Sans oublier l’inlassable Line Renaud, jamais à l’abri d’une actualité. L’écriture et les arts en général seraient-ils des élixirs de jouvence ? On est tenté de le croire. Le grand Michel Bouquet n’est-il pas mort quasiment sur scène à 96 ans, en avril 2022, après… soixante-quinze ans de carrière ?

Pour tous les autres, on conseillera la lecture de l’éclairant ouvrage Décider de son âge (Allary Editions) de Jean-Marc Lemaitre, directeur de recherche Inserm à l’Institut de médecine régénératrice et biothérapie de Montpellier. Ou comment influencer les aiguilles de notre horloge biologique. Suivant notre héritage génétique (pour 15 %) et de notre mode de vie (pour 85 %), les écarts par rapport à notre âge chronologique, nous apprend-il, peuvent même aller jusqu’à quinze ans de plus ou de moins.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *