Emmanuel Macron : le premier jour du reste de sa présidence

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Le dernier s’appelle Charles de Gaulle. Le général fut jusque-là le seul président à pouvoir aller au-delà d’un septennat avec une majorité le soutenant. Emmanuel Macron, élu le 7 mai 2017, il y a tout juste sept ans, dispose toujours d’une majorité, certes riquiqui, à l’Assemblée nationale, quand ses deux prédécesseurs ayant été réélus, François Mitterrand et Jacques Chirac, ont été confrontés aux affres de la cohabitation.

Ce président aime l’histoire et les symboles. Il a donc souhaité célébrer cette date en accordant une longue interview à La Tribune Dimanche pour insister sur un point : il a “encore tellement de choses à faire”. Mais l’entretien a surtout été l’occasion d’un changement de pied certes discret, important néanmoins. Après les législatives de 2022, qui l’avaient privé d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron faisait dire par ses proches que si le gouvernement devait être censuré, il provoquerait aussitôt une dissolution. Le message était clair : prenez garde à vous, oppositions, à malin, malin et demi.

Dans La Tribune Dimanche, le président délivre un tout autre message : “Si une motion de censure devait être votée, j’en tirerais les conséquences politiques et institutionnelles qui dépendront des circonstances. […] Je ne vais pas vous les donner à froid.” Il n’y a plus d’automatisme dans son esprit – et de fait, le chef de l’Etat n’est pas institutionnellement contraint de renvoyer les députés devant les électeurs, il peut nommer un autre gouvernement. Il faut dire que la majorité présidentielle paraît aujourd’hui plus restreinte encore qu’en juin 2022, ce qui n’incite pas forcément à toutes les audaces. Un sondage a même annoncé une majorité penchant dangereusement vers le Rassemblement national en cas de législatives anticipées.

Bientôt la pré-campagne présidentielle

Ce président aime les symboles et l’histoire. Emmanuel Macron souligne parfois qu’il a mieux été réélu en avril 2022 que de Gaulle en 1965 : 58,5 % pour lui, 55,2 % pour le général. Mais le précédent pointe autre chose : plus le temps passe, plus un président doit apprendre à se méfier de son Premier ministre. Hier c’est Georges Pompidou, l’homme pourtant de toutes les fidélités au général, qui prenait ses distances : demain c’est Gabriel Attal qui songera plus à son destin qu’à son entente avec Emmanuel Macron. L’avoir poussé à débattre avec Jordan Bardella montre que le président en est bien conscient…

Tout cela à cause de… Nicolas Sarkozy ! En 2008, il modifie la Constitution, rendant impossible plus de deux mandats présidentiels consécutifs. Dès 2018, un an après son accession à l’Elysée, Emmanuel Macron lâche devant des visiteurs : “Le seul élu à qui on impose cela, c’est ma pomme.”

C’est arrivé demain, ou presque. Le premier jour du reste de sa présidence commence mercredi 8 mai à Marseille. Les Jeux olympiques doivent permettre d’entretenir la flamme de la France pesant de tout son poids dans le monde. Mais les JO seront aussi le couvercle sur la marmite, qui refermeront rapidement la parenthèse des élections européennes pas forcément prometteuses pour la Macronie.

Les JO aussi auront une fin. Alors le monde politique basculera de manière évidente dans la pré-campagne présidentielle. La Macronie n’a établi aucune règle de sélection permettant à l’axe central de n’avoir qu’un représentant dans la compétition élyséenne : cela s’appelle jouer avec le feu, quand les extrêmes, des deux côtés de l’échiquier, ne cessent d’avancer leurs pions. Car pour les héritiers d’Emmanuel Macron, l’important en 2027 ne sera évidemment pas de se contenter de participer.

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