Energie : un nouveau grand débat, pour quoi faire ?

Energie : un nouveau grand débat, pour quoi faire ?

Cette fois-ci, plus de “J’assume”. Le mantra bien pratique et largement repris depuis plusieurs mois par Emmanuel Macron et Gabriel Attal n’a pas été convoqué pour la stratégie énergie et climat de la France. Au contraire : le Premier ministre a annoncé, en fin de semaine dernière, le lancement d’une “grande consultation” sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP), portant à la fois sur la feuille de route énergétique (PPE) et sur son plan pour réduire les émissions de carbone (SNBC). Discuter collectivement d’un sujet aussi vital que la transition écologique du pays est toujours sain et nécessaire. Mais le débat ne doit pas être un prétexte à la dérobade.

Car les consultations dans ces domaines sont nombreuses, et récentes. Le rapport sur le dernier débat public de l’énergie a été publié en mars 2023, celui des experts pour la stratégie français énergie et climat le 28 novembre dernier… Sans oublier la profusion de documents prospectifs et détaillés de RTE, de l’Ademe ou du Haut Conseil pour le climat. Les trajectoires sont dessinées, il ne manque plus que la volonté politique. Mais l’exécutif est “tétanisé face à la décision et cherche à gagner du temps”, juge un acteur de l’énergie, qui craint surtout “qu’on ne réouvre des débats clivants aujourd’hui mieux acceptés par la société”.

“L’absence de décision aura un coût”

“C’est l’illustration que quand il faut passer à l’acte, on entre dans le dur”, résume Patrick Criqui, directeur de recherche émérite (CNRS/Université Grenoble-Alpes) et économiste de l’énergie. A ce titre, l’exemple de la loi de programmation énergie-climat, attendue depuis juillet dernier, est éloquent. Censée fixer les orientations sur le nucléaire et les renouvelables, elle a été vidée de sa substance, puis retardée, jusqu’à disparaître complètement de l’agenda parlementaire d’ici à l’été.

Rajouter une grande consultation, “c’est du refus d’obstacle”, dénonce ainsi Construire l’écologie. Ce collectif d’acteurs de la transformation écologique voit “deux raisons à cette “procrastination” climatique : des mesures indispensables, mais peu populaires, “que le gouvernement ne souhaite sans doute pas assumer” ; et la peur, majorité relative oblige, ne pas “parvenir à faire voter son projet de loi”. Entre la période électorale qui se profile et les récents rabots budgétaires dans les programmes dédiés à l’écologie, celle-ci semble reléguée au second plan. Or pour lutter contre le changement climatique, le flou n’est pas une carte à jouer. “L’absence de décision aura un coût”, prévient justement l’Union française de l’électricité.

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