Guerre en Ukraine : que doit faire la France ? Le débat qui va enflammer l’Assemblée

Guerre en Ukraine : que doit faire la France ? Le débat qui va enflammer l’Assemblée

La France doit-elle continuer à aider l’Ukraine sans “aucune limite”, comme le soutient Emmanuel Macron ? La question exacerbe les clivages politiques, surtout depuis que le président de la République a décidé de hausser sa rhétorique contre Moscou. Les députés se prononcent, ce mardi 12 mars, sur l’accord de sécurité signé en février par Kiev et Paris, un débat qui s’annonce inflammable, et qui sera suivi d’un vote symbolique, sans valeur contraignante.

A trois mois des élections européennes, ce débat à l’Assemblée nationale sur la stratégie française d’aide à l’Ukraine, organisé en application de l’article 50-1 de la Constitution, va surtout servir de confrontation entre macronistes, RN et LFI. Le patron du Rassemblement national, Jordan Bardella a confirmé, mardi, que son parti s’abstiendra lors du vote. Pour justifier cette décision, la tête de liste aux européennes a expliqué sur France 2 que cette stratégie comportait “des lignes rouges”, notamment l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’Otan. Mêmes “lignes rouges” exposées sur RTL par le coordonnateur de LFI Manuel Bompard, opposé à un accord “qui contient en son sein la perspective de l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan” et à l’UE. Les députés LFI voteront donc contre la stratégie française. Malgré ces réserves, l’issue du vote devrait être assez largement favorable, avec le soutien du groupe Les Républicains (LR), des socialistes et des écologistes.

Plusieurs responsables politiques ont toutefois dénoncé une instrumentalisation de la question ukrainienne à des fins électorales. “Exploiter le conflit en Ukraine pour les élections européennes françaises est honteux, indigne et pitoyable !”, a notamment écrit sur X (ex-Twitter) le président des Républicains (LR), Eric Ciotti.

La gauche divisée

Interrogé sur Europe 1 et Cnews, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a lui aussi affirmé que son groupe voterait contre “si le discours du Premier ministre reprend les éléments qu’il y a dans le traité”. L’évocation de l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan est une “provocation”, a-t-il estimé, en accusant le camp présidentiel de devenir “le parti de la guerre”.

A rebours de ces prises de position, la tête de liste du PS pour les élections européennes, Raphaël Glucksmann, a salué dans Le Parisien un “débat utile” qui va “clarifier les lignes des uns et des autres”, et appelé “tous ceux qui sont attachés à la démocratie et à la sécurité de l’Europe à voter cet accord”. RN et LFI vont “payer leurs ambiguïtés” sur la Russie de Vladimir Poutine, veut croire un cadre Renaissance. “Soit le vote sera très serré parce que LFI et le RN voteront contre. Soit le vote sera très large car les mêmes s’abstiendront”, pronostique-t-il.

“Donner de la force au président de la République”

Interrogée sur France 3, la présidente (Renaissance) de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet a espéré un vote favorable pour “donner de la force au président de la République”. “Nous ne votons pas sur un accord” mais sur “une déclaration du gouvernement” qui doit être “globale”, a-t-elle souligné. Mais les oppositions, au-delà du RN et de LFI, sont particulièrement remontées par les récentes sorties du président Macron, qui n’exclut pas l’envoi de troupes au sol en Ukraine et ne veut “aucune limite” dans le soutien à Kiev.

Une posture “irresponsable”, jugent leurs représentants qui sont sortis courroucés de leur rendez-vous avec le chef de l’Etat sur le sujet jeudi dernier. Vladimir Poutine, “il a entendu quoi comme message de la part des Occidentaux ? Des lignes rouges avant tout”, a rétorqué dimanche sur LCI la tête de liste de la majorité présidentielle pour les élections européennes, Valérie Hayer. Or “je pense que c’est très important d’envoyer un message très clair à Vladimir Poutine : nous, la France, nous, les Européens, nous aiderons l’Ukraine jusqu’au bout”, a-t-elle plaidé.

L’accord franco-ukrainien, conclu pour une durée de dix ans, comprend un renforcement de la coopération militaire, en particulier dans les domaines de l’artillerie et de la défense aérienne. En 2024, Paris promet de fournir “jusqu’à 3 milliards d’euros de soutien supplémentaire”, un financement que pourraient interroger les oppositions alors que le gouvernement vient d’annoncer une série de coupes budgétaires. Après l’Assemblée, un débat similaire se tiendra au Sénat ce mercredi.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *