Japon : l’ombre d’un scandale sanitaire sur les compléments alimentaires

Japon : l’ombre d’un scandale sanitaire sur les compléments alimentaires

Chaque jour, la liste s’allonge. Au point de faire planer au-dessus du Japon l’ombre d’un scandale sanitaire. Depuis le 26 mars, cinq personnes sont décédées après avoir ingéré des compléments alimentaires à base de levure de riz rouge, du beni koji, destiné à diminuer le cholestérol dans le sang.

Produites par le géant pharmaceutique Kobayashi Pharmaceutical – 18,5 tonnes ont été commercialisées en 2023 -, ces pilules brunes ou rouges auraient également entraîné l’hospitalisation de 157 consommateurs pour insuffisance rénale, selon une annonce du ministère de la Santé japonais, le 2 avril.

Pour l’heure, difficile de savoir quelle substance pourrait être à l’origine de l’affaire. Le groupe pharmaceutique, mais aussi les autorités de santé nippones, ont assuré que des enquêtes avaient été lancées, afin de comprendre le lien entre les compléments incriminés et les cas rapportés. Mais le scandale prend d’autant plus d’ampleur que Kobayashi Pharmaceutical avait révélé avoir eu un premier signalement par un médecin dès le 15 janvier, laissé lettre morte. Le rappel de trois gammes de produits n’a en effet été déclenché qu’après la mi-mars, au vu du nombre important d’appels de consommateurs exprimant des problèmes de santé, plus de 3 000.

Une levure très répandue

Au cœur des critiques, Kobayashi Pharmaceutical, célèbre groupe familial fondé en 1886, a donc été contraint de faire acte de contrition. “Je m’excuse profondément pour la grande anxiété que nous avons causée”, a déclaré Akihiro Kobayashi, le président, lors d’une conférence de presse tenue le 29 mars. Après s’être incliné devant les caméras aux côtés d’autres dirigeants, l’homme a aussi dit vouloir indemniser les personnes souffrant d’effets secondaires ou étant hospitalisées, du fait de l’ingestion de ces compléments alimentaires.

Au Japon, cette levure “ancestrale” est très répandue et utilisée dans des milliers de produits : salade, saké pétillant ou pâte “miso”. Pourtant, ses dangers potentiels sont connus depuis des années. En 2019, déjà, un article du British Medical Journal alertait sur son impact néfaste au niveau du foie et des reins. La Commission européenne a aussi introduit en 2022 une réglementation pour limiter l’utilisation d’une substance contenue dans les compléments à base de riz rouge (la monacoline) à cause d’effets indésirables.

Un possible cas à Taïwan

Les autorités sanitaires japonaises n’incriminent toutefois pas directement le beni-koji : “Après analyse, nous avons constaté qu’il était possible que les matières premières utilisées pour fabriquer le beni-koji contiennent des ingrédients que notre société n’avait pas l’intention d’inclure”, a souligné Kobayashi Pharmaceutical. Avant d’affirmer qu’un composé chimique naturellement produit par la moisissure, de l’acide pubérulique, pourrait être en cause, rapporte le JapanTimes.

En attendant de faire toute la lumière sur les causes de tels drames, les autorités japonaises ne sont pas les seules à s’inquiéter. Car Kobayashi Pharmaceutical fournit aussi de la levure à d’autres pays, comme Taïwan. Le 28 mars dernier, les médias locaux, cités par le JapanTimes, ont ainsi rapporté l’hospitalisation d’une femme de 70 ans, qui prenait un supplément fabriqué par une société taïwanaise utilisant de la levure tout droit venue des usines de Kobayashi Pharmaceutical. Une insuffisance rénale aiguë lui a été diagnostiquée. Si le lien est confirmé, il s’agirait du premier cas d’hospitalisation hors du Japon.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *