Le Charles de Gaulle et l’Otan : pourquoi cette mission fait bondir Mélenchon et l’extrême droite

Le Charles de Gaulle et l’Otan : pourquoi cette mission fait bondir Mélenchon et l’extrême droite

C’est un symbole de l’engagement renforcé de Paris auprès de l’Alliance atlantique face à la Russie. Le porte-avions Charles-de-Gaulle, fleuron de la flotte française, va passer pour la première fois sous contrôle opérationnel de l’Otan pour une mission de 15 jours en Méditerranée. Cette mission regroupant des bâtiments de plusieurs nations (Etats-Unis, Grèce, Espagne, Portugal) va se dérouler du 26 avril au 10 mai sous le commandement de l’état-major maritime StrikforNato, comptant quinze nations dont la France, et dirigée par un vice-amiral américain, a annoncé jeudi l’état-major des armées. Le Charles-de-Gaulle, avec ses avions de chasse Rafale Marine à son bord, reprendra ainsi fin avril les opérations après huit mois de travaux.

“C’est la première fois que l’on place le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle et l’ensemble de son escorte, dont un sous-marin nucléaire d’attaque, sous le contrôle opérationnel de l’Otan pendant 15 jours”, souligne auprès de l’AFP le vice-amiral français Didier Maleterre, numéro deux du commandement maritime de l’Otan. Mais “à tout moment on peut récupérer le mandat, et en un claquement de doigts récupérer le commandement national en cours d’opérations si nécessaire”, précise le haut gradé.

Lecornu dénonce le “mensonge” de Mélenchon

Cette annonce a fait réagir plusieurs responsables politiques, à gauche comme à l’extrême droite. Sur le réseau social X, Jean-Luc Mélenchon a fait part de sa “tristesse” de voir le porte-avions Charles-de-Gaulle “passer sous commandement Otan”, dénonçant la “vassalisation affichée” de la France. Ce message où l’ancien candidat à la présidentielle de La France Insoumise (LFI) ne précise pas qu’il s’agit d’une mission temporaire a provoqué l’agacement de Sébastien Lecornu. “Il ne faut pas céder au mensonge : la France ne perd jamais le commandement de ses forces placées sous pavillon de l’Otan. Nous sommes souverains”, a répondu le ministre des Armées, se félicitant d’être “les seuls européens capables de déployer un groupe aéronaval de cette envergure ” et vantant un porte-avions qui “sera le fer de lance de cette mission conduite avec nos alliés”.

Il ne faut pas céder au mensonge : la France ne perd jamais le commandement de ses forces placées sous pavillon de l’OTAN. Nous sommes souverains.

Notre porte-avions sera le fer de lance de cette mission conduite avec nos alliés.

Nous sommes les seuls européens capables de… https://t.co/VImGjgYefZ

— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) April 12, 2024

Dans un communiqué, le groupe parlementaire LFI a estimé que ce passage sous contrôle opérationnel de l’Otan “n’est pas acceptable”. “La participation aux exercices otaniens doit être conditionnée au contrôle national exclusif des conditions de mise en œuvre de notre dissuasion nucléaire”, estiment les députés Insoumis.

🔴⚡️ Le porte-avion Charles de Gaulle pourrait passer sous contrôle opérationnel de l’OTAN.

Or, le porte-avion permet la mise en œuvre de la force aéronavale nucléaire française. La dissuasion nucléaire française doit rester sous contrôle exclusif national.

Notre communiqué ⤵️ pic.twitter.com/HIS10H58ah

— Groupe parlementaire La France Insoumise – NUPES (@FiAssemblee) April 12, 2024

Les critiques quant au passage du Charles-de-Gaulle sous contrôle opérationnel de l’Otan sont également venues de l’extrême droite. Comme du député européen du RN Jean-Lin Lacapelle, un frontiste historique, membre du premier cercle de Jordan Bardella. “L’unique porte-avions français est sous commandement de l’Otan : les conséquences de la politique d’abandon de la souveraineté avec Emmanuel Macron”, a-t-il dénoncé sur X.

Dès jeudi, également sur X, Florian Philippot, le président des Patriotes, avait lui fustigé une “soumission historique sous Emmanuel Macron de la France à l’Otan et donc aux Américains”. “Emmanuel Macron pousse la soumission de la France jusqu’à l’humiliation”, a pour sa part dénoncé François Asselineau, à la tête de la liste Union populaire républicaine pour les élections européennes.

Autrefois vue comme un allié difficile, faisant encore l’objet de méfiance à Bruxelles, la France réinvestit l’Otan depuis le retour de la menace russe, en parallèle de son désengagement militaire en Afrique. Membre fondateur de l’organisation créée en 1949 pour faire face à la menace soviétique, elle en avait quitté le commandement militaire intégré en 1966, sous l’impulsion du général de Gaulle, en raison de désaccords avec les Etats-Unis. Elle y est revenue en 2009, sans toutefois intégrer le groupe des plans nucléaires de l’Alliance. L’annonce de l’état-major des armées intervient à un moment où la France cherche à regagner de l’importance au sein de l’Alliance atlantique face à la Russie.

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