Manouchian au Panthéon : les secrets du discours de Macron, la demande de Mélenchon

Manouchian au Panthéon : les secrets du discours de Macron, la demande de Mélenchon

Ce second quinquennat à nul autre pareil est loin d’être terminé, pourtant, 2027 et sa cohorte de candidats putatifs s’avancent déjà. Ce dernier remaniement avec Gabriel Attal à sa tête – et qui remet en selle Rachida Dati – en est un nouveau tournant. En coulisses, les uns apprennent à esquiver les croche-pattes, les autres se familiarisent avec l’art du complot, bref, tout le monde prépare l’après-Emmanuel Macron avec rigueur et détermination. Le service politique de L’Express propose de vous aider à suivre, grâce à un rendez-vous hebdomadaire sur notre site Internet, les progrès de ces ambitieux qui espèrent gravir, vite et sans se blesser, les marches du pouvoir.

Les secrets du discours de Macron pour la cérémonie Manouchian…

De leur propre aveu, jamais ses conseillers n’avaient vu le président “aussi crevé” après un discours. “Il l’a incarné”, murmure l’un d’eux. Signe de l’importance accordée à ce moment, huit mains ont travaillé à l’écriture du texte. Le conseiller discours Baptiste Rossi a été prié de fournir une première trame, lestée ensuite de “signifiant politique” par le conseiller mémoire Bruno-Roger Petit, puis teintée de formules littéraires grâce à l’intervention de Jonathan Guémas, et, pour finir, patinée par le président lui-même. “Idéal communiste” est la trouvaille d’Emmanuel Macron. “Il en était très fier, atteste l’un de ses stratèges. Car le communisme part d’un bon sentiment, d’un idéal qui certes finit mal…” Après la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, les membres de la communauté arménienne et les artistes ayant participé à la cérémonie ont été conviés à un dîner dans la salle des fêtes de l’Elysée. Le groupe Feu ! Chatterton, dont l’interprétation extrêmement touchante de L’Affiche rouge a été saluée, a stratégiquement été placé à la table du conseiller spécial Jonathan Guémas, passionné de musique.

… et un invité de dernière minute

Si Emmanuel Macron a convié tous les représentants des partis élus pour l’hommage à Missak et Mélinée Manouchian le 21 février, il y en avait un qui n’était pas du tout prévu au protocole : Jean-Luc Mélenchon. Le leader insoumis n’est plus élu de rien et n’est même pas chef de son parti, la France insoumise, fonction occupée par Manuel Bompard sous le titre de “coordinateur”. Etre absent à la panthéonisation de héros communistes morts pour la France était inimaginable pour Mélenchon, presque vexant même, d’autant plus quand Marine Le Pen, elle, s’y trouvait. Lundi, à deux jours de l’évènement, il a donc demandé à l’Elysée d’être invité à l’hommage. “On l’a invité immédiatement”, confirme-t-on au Château. Et Mélenchon, en quittant le Panthéon, de confier sa “secrète jubilation” en voyant, a-t-il dit, “l’extrême droite à genoux devant la résistance communiste”.

Macron, la crise agricole ? “Ça le rend dingue”

Emmanuel Macron est très préoccupé par la crise des agriculteurs, dit-on dans son entourage. “Il estime que sur les trois piliers que sont les revenus, les normes, l’écologie, il avait eu de bonnes intuitions, précise un conseiller élyséen. Or, ça a explosé précisément sur ces trois points car les choses n’ont pas été faites, ça le rend dingue !” Alors, plus question de laisser les autres à la manœuvre, ainsi le président s’est-il exclamé lors d’une réunion élyséenne : “Je vais mettre beaucoup de capital pour que ça bouge vraiment !” Il faut toujours tout faire soi-même quand on est président.

Ô injustice…

C’est un document qu’on se passe fièrement de mains en mains, de bureau en bureau, à l’Elysée. La Une du quotidien La Voix du Nord, daté du 6 février dernier. “Batteries : 17 000 emplois à pourvoir” peut-on lire en gros titre. De ces bonnes nouvelles qui se font rares, ces petits signaux qui rassurent le président de la République et son entourage. “C’est le fruit de la politique d’Emmanuel Macron sur la filière automobile, plastronne un conseiller. Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, c’est une mèche lente mais les résultats sont là.” La réindustrialisation en France, un sujet que le chef de l’Etat compte bien mettre en avant quand l’heure de son bilan sonnera, mais surtout au nez et à la barbe Marine Le Pen. “Elle ne pourra jamais expliquer à ses électeurs dans le Nord que tous ses emplois ont été créés grâce à elle”, poursuit fièrement le même conseiller.

… Ô infamie

A l’inverse, toujours au Château, on a peu goûté les critiques des plumitifs sur sa déclaration dans L’Humanité où il juge que le parti de Marine Le Pen ne s’inscrit pas “dans l’arc républicain”. Un pas de côté vis-à-vis de son Premier ministre Gabriel Attal qui lui les y inscrit. Et un pas de côté vis-à-vis de lui-même qui égratignait Elisabeth Borne qui avait qualifié le RN de parti “héritier de Pétain”… Le président aurait-il (encore) changé d’avis alors qu’il s’apprêtait à faire entrer Missak Manouchian au Panthéon ? “C’est pavlovien de taper sur le président au sujet du RN, soupire notre conseiller. On n’a pas fait de morale, mais de la politique. Peut-on interroger la conscience de Marine Le Pen qui ose se présenter à l’hommage d’un résistant communiste immigré ? A la fin, c’est toujours Macron qui perd et le RN continue tranquillement de se victimiser.” C’est dur dur d’être un président.

Jordan Bardella le libéral… et ses limites

Cela n’a échappé à personne. Voilà des mois que le président du RN fait les yeux doux à la droite. Déplacements auprès des entreprises, multiplications des déclarations libérales, revendications en faveur du marché, rien n’est laissé au hasard. Mais à droite, on regarde l’eurodéputé et sa “stratégie grossière” d’un œil amusé. “C’est d’un simplisme, s’amuse un eurodéputé. Il joue avec trop peu de matière, il pense que ça suffit de se dire pro-business alors qu’il n’a absolument aucune autonomie politique et n’est décisionnaire de rien.”

Sarah Knafo, candidate aux élections européennes ?

La question se pose depuis plusieurs mois, et la compagne et conseillère d’Eric Zemmour laisse planer le doute. Sera-t-elle candidate sur la liste de Reconquête pour les élections européennes, aux côtés de Marion Maréchal ? Au sein du parti d’extrême droite, on assure que sa décision est prise. “Elle est convaincue par le fait de changer de rôle, elle en parle en privé, elle va se lancer.” L’intéressée, pour sa part, assure que sa décision n’est pas encore prise. Encore faut-il pouvoir être élue.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *