Nucléaire : le nouveau calendrier pour l’EPR de Flamanville dévoilé par EDF

Nucléaire : le nouveau calendrier pour l’EPR de Flamanville dévoilé par EDF

Douze ans de retard sur le calendrier prévu et une facture totale désormais estimée à 13,2 milliards d’euros, soit quatre fois le budget initial : la société française de production et de fourniture d’électricité EDF a annoncé, ce mercredi 27 mars, soir prévoir que l’EPR de Flamanville injectera pour la première fois de l’électricité dans le réseau national “à l’été 2024”. “La connexion au réseau électrique national de l’unité de production est prévue à l’été 2024” et le chargement du combustible est prévu “d’ici quelques semaines”, selon un communiqué de l’entreprise détenue à 100 % par l’Etat français.

En décembre, l’opérateur tablait sur un raccordement “mi-2024”, jusqu’à l’annonce mardi par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN, gendarme du nucléaire) selon laquelle le chargement du combustible était repoussé à mi-avril au mieux. Interrogé mercredi sur Franceinfo sur un maintien de ce calendrier, le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, s’est montré très prudent : “démarrer une centrale nucléaire, ce n’est pas comme démarrer une Clio ou une 208, ça prend un peu plus de temps”, a-t-il répondu.

“L’EPR de Flamanville 3 est techniquement prêt pour engager sa mise en service”, souligne EDF dans son communiqué. “Le volume d’électricité produite à partir du premier couplage et jusqu’à l’arrêt suivant est estimé à environ 14 TWh”.

Consultation publique jusqu’au 17 avril

L’ASN a décidé de lancer une consultation du public “du 27 mars au 17 avril 2024 sur son projet de décision autorisant la mise en service du réacteur EPR de Flamanville 3”, rappelle l’énergéticien dans son communiqué. L’annonce de l’ASN, qui rendra son avis de mise en service à l’issue de cette consultation, avait fait craindre un nouveau retard conséquent pour ce chantier-fleuve du réacteur normand, marqué par de nombreux dérapages de coûts et de calendrier depuis le lancement de sa construction il y a 17 ans. La page internet de l’ASN dédiée à cette consultation comptabilise déjà ce jeudi plus de 150 contributions.

“Cette nouvelle étape de la procédure permet désormais d’envisager d’ici quelques semaines le premier chargement en combustible nucléaire du réacteur”, poursuit EDF. Les opérations de démarrage pourront ensuite se poursuivre jusqu’à la montée en température et en pression de la chaudière, puis la montée en puissance du réacteur. “A 25 % de puissance, l’unité de production sera connectée au réseau électrique national”, expliquait EDF en décembre 2022.

Objectif de deux EPR par an

Porté par un regain d’intérêt pour l’atome, EDF compte déployer des réacteurs de 3e génération (EPR) en France et en Europe à une échelle “industrielle”, avec un objectif désormais de “deux par an”, contre un ou deux par décennie actuellement. Le pari est ambitieux compte tenu des dérapages de coûts et de délais à répétition, incarnés par l’EPR de Flamanville.

Le défi industriel est colossal pour le groupe, lesté d’une dette abyssale – 54,4 milliards d’euros – et critiqué pour les déboires de ses chantiers EPR.

D’autant qu’EDF doit aussi répondre à la relance d’un programme nucléaire en France pouvant aller jusqu’à 18 réacteurs EPR2 – version améliorée de l’EPR – et mener à bien ses deux programmes anglais, Hinkley Point, dont le retard pourrait attendre six ans, et Sizewell.

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