Pandémies : le plan de l’OMS pour mettre fin aux “négligences” du Covid piétine

Pandémies : le plan de l’OMS pour mettre fin aux “négligences” du Covid piétine

Il aura fallu deux ans pour coordonner les 194 pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur la stratégie à adopter en cas de pandémie… Cet accord, qui doit préparer la réponse collective en cas de nouvelle crise sanitaire semblable à celle du Covid-19 qui avait provoqué des millions de morts, sera contraignant s’il est adopté. Pour pouvoir voter le texte à l’Assemblée mondiale de la santé qui devrait avoir lieu en mai, à Genève, les pays membres doivent entamer ce lundi 25 mars la dernière phase de négociations, afin de conclure ce texte qui n’est pas encore finalisé.

Cet accord est né d’un constat : lors de la pandémie de Covid-19, de graves lacunes au niveau national et mondial ont entravé une réponse rapide et efficace. Le Règlement sanitaire international – qui est en cours de révision – a aussi montré ses lacunes. Le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait pourtant mis en garde dès 2018 sur le degré d’impréparation de la communauté internationale à une crise sanitaire majeure. Il veut aujourd’hui mettre fin au cycle de négligence avant une nouvelle crise.

Parmi les erreurs majeures commises collectivement pendant la pandémie pointées par l’OMS : le nationalisme et l’égoïsme vaccinal, le manque d’équipements de protection, les agents de santé exposés et épuisés, et les pays riches donnant leurs stocks de sérums quasi périmés aux pays pauvres sous couvert de solidarité… Les pays ont donc décidé en décembre 2021 de prendre des engagements contraignant les uns envers les autres en matière de prévention, de préparation et de réponse aux pandémies.

L’objectif du traité “est de prévenir, de se préparer et de répondre aux pandémies”. De manière pratique, le texte tente de remédier aux inégalités flagrantes qui entravent l’accès aux vaccins, à l’oxygène, aux équipements de protection, aux tests et aux traitements. Le chantier est immense. Pour cela, le texte aborde à la fois la surveillance, la résilience du système de santé, le personnel de santé, la recherche et le développement, la production régionale, le transfert de technologie et de savoir-faire, l’accès et le partage des avantages, les chaînes d’approvisionnement, l’approvisionnement et la distribution, la réglementation, la mise en œuvre et le financement durable.

Sur le plan de la recherche, il vise également à garantir le partage précoce, sûr, transparent et rapide d’échantillons et de données sur les séquences génétiques d’agents pathogènes à potentiel pandémique.

Désaccords entre pays développés et en développement

Si “les principes clés ont été convenus, “il ne sera pas facile de trouver un terrain d’entente” dans le temps qui reste, estime le directeur juridique de l’OMS Steve Solomon. Les points en suspens sont nombreux : comment mieux prévenir les pandémies, le partage des informations, des médicaments et traitements, la sécurisation, les chaînes d’approvisionnement, des capacités de fabrication au niveau mondial et le financement durable.

Sans compter que les protestations sont nombreuses parmi les pays développés. La négociatrice en chef américaine, Pamela Hamamoto, souligne que le consensus sur des dérogations à la propriété intellectuelle est illusoire. L’Union européenne estime que la prévention et la préparation ont été “considérablement diluées” dans le dernier projet. La Grande-Bretagne voit dans la dernière mouture un pas en arrière avec des dispositions sur le transfert de technologie “irréalisables”. “Il n’y a, à notre avis, aucun plan crédible devant nous pour conclure ces négociations”, a déclaré l’ambassadeur britannique Simon Manley. La Suisse, où l’industrie pharmaceutique est un pilier de l’économie, n’est “pas prête à accepter le texte dans son état actuel”, tandis que la Chine souhaite que le traité s’oppose fermement à la “stigmatisation” des pays touchés.

Chez les pays en développement, le Bangladesh, représentant un groupe de 31 membres, estime que la santé publique devrait passer avant les intérêts commerciaux. Pour ce groupe, la garantie de l’accès aux moyens de lutte contre la maladie n’est pas suffisante. Quelque 48 pays africains, quant à eux, exigent des résultats concrets sur un mécanisme de financement durable.

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