Retraite progressive : “Le dispositif devrait prendre de l’ampleur”

Retraite progressive : “Le dispositif devrait prendre de l’ampleur”

L’Express : Selon le ministère du Travail, 4 retraités sur 10 estiment être partis à la retraite plus tôt ou plus tard qu’ils ne le souhaitaient. Quelles sont les différentes solutions accessibles pour aménager sa fin de carrière ?

Marina Rouxel : Plusieurs dispositifs existent, à commencer par la retraite progressive. Elle permet à tout salarié de passer à temps partiel en fin de carrière, avec une durée allant de 40 à 80 % d’un temps complet, tout en percevant en complément une partie de sa retraite. Il est possible d’en profiter dès deux ans avant l’âge légal de départ à la retraite à condition d’avoir accumulé au moins 150 trimestres. Avec la réforme, ce mécanisme va progressivement être décalé à 62 ans.

La retraite progressive est intéressante pour ceux qui désirent commencer à lever le pied sans subir une perte de revenus trop importante, d’autant que les entreprises proposent souvent à leurs salariés de continuer à cotiser à 100 % pour la retraite, en les aidant ou non. En l’absence d’une telle aide, il faut garder à l’esprit que le montant de sa pension sera moindre.

Pourquoi la retraite progressive est-elle encore peu utilisée ?

D’abord parce qu’elle a été peu promue et qu’elle est donc assez peu connue des salariés comme des employeurs. Pourtant, dès que nous leur en parlons, ces derniers se montrent intéressés. Elle devrait prendre de l’ampleur avec le recul de l’âge légal, d’autant que, depuis le Covid, les salariés ont envie de partir au plus tôt, et ce quel que soit leur poste dans la hiérarchie. En outre, l’employeur a désormais moins de latitude pour refuser une demande de retraite progressive : il doit prouver qu’elle est incompatible avec la bonne marche de son entreprise.

Quelle est la différence avec le cumul emploi-retraite ?

Le cumul emploi-retraite donne la possibilité, une fois ses pensions liquidées, de reprendre une activité et de cumuler deux revenus. Il est au demeurant tout à fait possible de l’exercer à temps plein. Ce dispositif a été aménagé par la réforme.

Racheter de trimestres ? Oui, mais…

Le rachat de trimestres est-il la solution idéale pour partir plus tôt ?

Cette possibilité n’est pas ouverte à tout le monde car il faut avoir atteint le nombre de trimestres requis après l’âge légal de départ à la retraite. Par exemple, une personne née en 1970 doit avoir 64 ans et 172 trimestres pour partir à taux plein. Si ce n’est pas le cas, elle devra subir une décote, continuer à travailler ou racheter des trimestres – jusqu’à 12, à condition d’avoir des années d’études ou des années incomplètes.

Ce mécanisme est intéressant pour ceux qui veulent partir plus tôt – notamment les cadres, qui ont suivi de longues études. Mais attention : leur pension sera moins élevée car ils auront moins cotisé. Autre élément à prendre en considération : le coût, de l’ordre de 4 500 à 6 500 euros par trimestre, déductible de ses revenus imposables. A noter que certaines entreprises proposent de financer une partie du rachat pour leurs salariés.

Mon conseil consiste donc à ne pas s’y prendre trop tôt. Avec la dernière réforme, certains salariés se retrouvent d’ailleurs dans une situation kafkaïenne : ils ont racheté des trimestres afin de pouvoir partir à 62 ans mais doivent tout de même continuer à travailler au-delà de cet âge ! Tout juste peuvent-ils être remboursés s’ils en font la demande avant avril 2025.

Le préalable de ces dispositifs, c’est de réaliser un bilan retraite. A partir de quand peut-on l’envisager ?

Le bilan retraite permet d’avoir une vision claire du montant que l’on va toucher et de la date réelle d’un départ à taux plein. Il faut s’y prendre bien en amont – à partir de 57 ans dans l’idéal. Il s’agit d’un outil très pertinent dans la mesure où pas moins de 40 % des relevés de carrière comportent des erreurs ! Et même si les caisses de retraite effectuent un travail de vérification lors de la liquidation, la Cour des comptes estime que 15 % des pensions versées sont erronées. S’y prendre de bonne heure permet de rechercher les informations manquantes ou de retrouver des documents parfois vieux de plusieurs dizaines d’années.

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