Russie : l’arrestation d’un soldat américain qui plonge Washington dans l’embarras

Russie : l’arrestation d’un soldat américain qui plonge Washington dans l’embarras

C’est une affaire dont le gouvernement et l’armée américaine se seraient bien passés. Un soldat américain, arrêté la semaine dernière en Extrême-Orient russe, a été placé en détention préventive jusqu’au 2 juillet dans une affaire de “vol”, a annoncé ce mardi 7 mai un tribunal de Vladivostok. Il risque jusqu’à cinq ans de prison, selon le code pénal russe.

Le soldat en question, le sergent-chef Gordon Black, était à l’origine déployé en Corée du Sud, selon le média américain NBC News. A la fin de sa mission, alors qu’il devait rentrer aux Etats-Unis, il s’était rendu en Russie de son propre chef, et non dans le cadre d’une mission officielle, ont affirmé plusieurs responsables américains. Plus particulièrement, il s’est rendu dans la ville de Vladivostok afin de rendre visite à une femme rencontrée en Corée du Sud, et avec laquelle il entretenait une relation amoureuse, sans l’autorisation de ses supérieurs. Les officiels américains ont confirmé qu’il était actuellement bien en détention provisoire, accusé de “vol” à l’encontre d’une femme.

NBC News affirme qu’il n’est pour l’instant pas possible de déterminer que ces accusations proviennent de la même femme que celle à laquelle il rendait visite. De leur côté, plusieurs chaînes Telegram russes assurent que Gordon Black se serait bien disputé avec cette dernière, et qu’il serait accusé de l’avoir agressée et de lui avoir volé près de 200 000 roubles, soit environ 2 200 dollars.

Des précédents inquiétants d’arrestations

Cette affaire semble pour l’instant provoquer une certaine gêne du côté américain, avec une incapacité à pouvoir tirer le vrai du faux. Car si le soldat Gordon Black a bien voyagé en Russie hors de ses prérogatives militaires, pour une relation personnelle assez opaque, les cas d’arrestations et de condamnations très lourdes de citoyens américains par la justice russe pour des raisons factices et parfois absurdes sont légion ces dernières années. En premier lieu, on peut penser au journaliste Evan Gershkovich, travaillant pour le Wall Street Journal, qui a été arrêté en mars 2023 par les services de sécurité russes lors d’un reportage dans l’Oural. Il est accusé d’espionnage, un crime passible de 20 ans de prison ; des accusations qu’il rejette, tout comme sa famille, son journal et Washington.

Un autre exemple avait concerné Brittney Griner, une basketteuse américaine, quant à elle arrêtée en février 2022 à l’aéroport de Moscou, puis condamnée à neuf ans de prison pour possession d’une vapoteuse et de liquide contenant du cannabis. Elle avait fini par être libérée dix mois plus tard, dans un échange de prisonniers avec un marchand d’armes russes.

L’état-major américain semble cette fois-ci prendre un peu de temps avant d’accuser frontalement la Russie. Contrairement à plusieurs autres affaires, en premier lieu celle concernant Evan Gershkovich, Moscou affirme d’ailleurs que celle-ci “n’est pas liée à la politique ou à de l’espionnage”, a assuré ce mardi la représentation du ministère russe des Affaires étrangères à Vladivostok. La porte-parole de l’armée américaine, Cynthia O. Smith, a déclaré que “la Fédération de Russie a informé le Département d’Etat des Etats-Unis de la détention du soldat conformément à la Convention de Vienne sur les relations consulaires. L’armée a informé la famille du soldat, et le département d’Etat américain lui apporte un soutien consulaire approprié en Russie”. Avant d’ajouter que “compte tenu du caractère sensible de cette affaire, nous ne sommes pas en mesure de fournir d’autres détails pour l’instant.”

Le président de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine, Michael McCaul, s’est de son côté dit “profondément préoccupé” par l’annonce de la détention de ce soldat américain, dans un message partagé sur X (ex-Twitter). “Poutine a l’habitude de prendre en otage des citoyens américains. Un avertissement à tous les Américains : comme l’a dit le département d’Etat, il n’est pas prudent de se rendre en Russie”, a-t-il ajouté. Une nouvelle histoire qui pourrait envenimer les relations Moscou-Washington, déjà infiniment tendues depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine.

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