Russie : les jeux vidéo, la nouvelle arme de propagande de Poutine

Russie : les jeux vidéo, la nouvelle arme de propagande de Poutine

PlayStation 5, Nintendo Switch ou Xbox. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, les joueurs russes sont privés des principales consoles de jeux vidéo, interdites de commercialisation. Dans un pays où le marché vidéoludique pesait environ 3,4 milliards de dollars en 2021, et où 69 % des joueurs ont joué à un jeu piraté en 2022, Vladimir Poutine sait pourtant que le secteur est prometteur. Alors, le président russe a annoncé vouloir produire ses “propres consoles de salon et portables”, avec une première feuille de route d’ici juin 2024, selon un article du journal russe Kommersant.

Le projet, mis entre les mains de Mikhaïl Michoustine, Premier ministre russe, s’inscrit dans un programme plus global pour tirer vers le haut le développement des jeux vidéo dans le pays. La sortie d’une future console, qui bénéficierait d’un service à la demande – la possibilité de jouer à des jeux en ligne, moyennant un abonnement – est attendue pour 2026-2027.

“La Russie n’est pas compétente pour produire sa propre console Xbox ou PlayStation, et créer un tel produit de zéro pourrait prendre jusqu’à dix ans”, a réagi de son côté Kommersant. Le quotidien économique relève entre autres la problématique de l’approvisionnement de certains composants électroniques, l’absence d’un réel savoir-faire, mais surtout le budget colossal d’un tel projet, qui dépasserait la barre des 100 millions de dollars.

Une nouvelle méthode de propagande

Au-delà des enjeux économiques, le jeu vidéo est surtout perçu par Vladimir Poutine comme une nouvelle méthode de propagande. Le 4 avril, la sortie de Smouta, premier jeu vidéo russe réalisé à l’aide de deniers publics – 500 millions de roubles, soit 4,6 millions d’euros, pour un développement de quatre ans -, a été un évènement quasi national dans le pays. Mettant en scène la Russie du XVIIe siècle, à l’époque où les Suédois et les Polonais menaçaient l’existence même de l’Etat russe, ce jeu vidéo “patriotique” a fait l’objet d’une grande cérémonie de lancement dans la ville de Nijni Novgorod – où se situe l’action des évènements – en présence du gouverneur de la région, rapporte l’agence de presse Tass.

Si le jeu a reçu de mauvais retours du fait de faiblesses techniques et de nombreux bugs, il n’en est pas moins le premier d’une longue série : l’Institut du développement de l’Internet russe, l’organisme d’Etat qui a contribué au financement du projet, a investi 1,5 milliard de roubles depuis 2020, pour produire quarante jeux vidéo nationaux. Comme le site Yandex pour remplacer Google ou le réseau VK pour Facebook, la Russie cherche progressivement à s’affranchir des services et produits américains et européens, pour développer son propre écosystème et ainsi mieux contrôler les activités de ses utilisateurs.

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