Tikehau Capital : “Avec la dette privée, nous visons un rendement net de frais proche de 5 à 6 %”

Tikehau Capital : “Avec la dette privée, nous visons un rendement net de frais proche de 5 à 6 %”

Parce qu’ils participent au financement de l’économie réelle, les fonds adossés à de la dette privée séduisent de plus en plus les épargnants. Quelques sociétés de gestion leur permettent désormais d’investir dans cette classe d’actifs. Le point avec Frédéric Giovansili, directeur général adjoint de Tikehau Capital.

L’Express : Que finance un fonds de dette privée ?

Frédéric Giovansili : Nous prêtons de l’argent à des sociétés de taille intermédiaire européennes afin qu’elles puissent financer leur croissance. A la différence du capital investissement – ou private equity – qui apporte des fonds propres, un fonds de dette privée remplace ou complète un crédit bancaire.

Nous ciblons des sociétés matures dont le modèle économique est profitable, en visant des activités qui génèrent des revenus récurrents, ce qui nous conduit à privilégier certains secteurs comme la santé ou les services aux entreprises : conseil, informatique… Ces entreprises sont généralement plus petites que celles qui émettent des obligations sur les marchés financiers.

Combien rapporte ce placement ?

Ces financements sont réalisés à taux flottant, ce qui permet de profiter de la remontée des taux d’intérêt. Pour nos fonds grand public, nous visons un rendement net de frais proche de 5 à 6 % par an dans l’environnement actuel. La dette privée bénéficie, en outre, d’une rémunération contractuelle qui est intégrée dans la valorisation du fonds, cette dernière progressant de ce fait régulièrement. L’investisseur évite ainsi la volatilité des supports cotés en Bourse.

Le contexte économique se durcit, quelles précautions prenez-vous ?

Notre rôle de gérant consiste à sélectionner les meilleures entreprises. Or, nous observons actuellement une forte dispersion des performances : certaines sociétés se portent très bien et d’autres beaucoup moins. Nous nous montrons donc hypersélectifs ! Seuls 1 à 2 % des dossiers que nous étudions aboutissent à un financement. Nous privilégions les entreprises qui disposent d’une flexibilité de prix leur permettant de répercuter la hausse des coûts dans leurs tarifs, et de rester profitables. De plus, les fonds sont diversifiés sur 40 à 60 sociétés.

Votre dernière unité de compte, Tikehau Financement Décarbonation, commercialisée dans les contrats de Suravenir, intègre une composante écologique. Quel est son principe ?

Nous souhaitons encourager les entreprises à décarboner leurs processus de fabrication ou leurs services. Cela passe par une incitation au travers du taux d’intérêt : si l’entreprise respecte une trajectoire de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre définie à l’avance par un tiers, elle obtient un taux moindre. Sinon, elle supporte une pénalité. Cette approche est aussi favorable pour les investisseurs puisque la décarbonation est un facteur d’efficacité pour les entreprises. Elle les rend plus résilientes aux chocs exogènes.

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