Algérie – Maroc : nouvelles tensions diplomatiques autour de biens immobiliers

Algérie – Maroc : nouvelles tensions diplomatiques autour de biens immobiliers

Une nouvelle phase de tensions pourrait s’ouvrir entre Alger et Rabat. Selon des informations du site Maghreb Intelligence dévoilées vendredi 15 mars, le gouvernement marocain aurait décidé “d’exproprier plusieurs biens immobiliers et fonciers appartenant à l’Etat algérien” dans la capitale marocaine, “pour les besoins d’extension des locaux de services relevant du ministère des Affaires étrangères à Rabat”.

D’après le site d’investigation, cette expropriation concernerait un bien foncier de 619 m2, une autre superficie de 630 m2 abritant une résidence sur deux étages et bureaux au rez-de-chaussée, ainsi qu’une villa d’une superficie de 491 m2 appelée “Villa du Soleil levant”. Rabat n’a toutefois pas fait d’annonce officielle à ce sujet et aucun commentaire n’a pu être obtenu par l’AFP auprès de la diplomatie marocaine.

“L’Algérie condamne cette opération de spoliation caractérisée dans les termes les plus énergiques”, a affirmé le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué publié dimanche, ajoutant qu’Alger “répondra à ces provocations par tous les moyens qu’il jugera appropriés”. L’Algérie considère qu'”il y a là une violation inqualifiable du respect et du devoir de protection à l’égard des représentations diplomatiques d’Etats souverains qui sanctuarisent tant le droit que la coutume internationale”, a poursuivi le ministère.

Rabat rejette les accusations “infondées” d’Alger

“C’est infondé, ça contient beaucoup d’allégations erronées et ça préside d’un esprit d’escalade non justifiée”, a réagi auprès de l’AFP une source diplomatique marocaine. D’après cette source, le ministère des Affaires étrangères marocain, dans le cadre d’un projet d’agrandissement, s’était porté acquéreur en 2022 auprès de l’Algérie, après le déménagement de l’ambassade, d’un local laissé vacant sur le terrain de cette représentation, et attenant aux bureaux du ministère. “Ce n’est pas un sujet que le Maroc a traité en catimini, mais au contraire en toute transparence et en lien direct avec les autorités algériennes qui ont répondu”, a affirmé cette source à l’AFP, ajoutant que la procédure était “au point mort aujourd’hui parce que le Maroc n’est pas dans une logique d’escalade”.

Pour rappel, l’Algérie avait déjà rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021. Alger avait accusé Rabat d’”actes hostiles” à son égard. Plusieurs mesures avaient ainsi suivi cette rupture, dont la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions marocains, la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe (GME), et plus récemment, l’interdiction du transit des marchandises importées depuis l’Algérie par les ports marocains.

Le conflit du Sahara occidental, considéré comme un “territoire non autonome” par l’ONU, en l’absence d’un règlement définitif, oppose par ailleurs depuis des décennies le Maroc au Polisario, dont l’Algérie est le principal soutien. Rabat, qui contrôle près de 80 % du Sahara occidental, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté, tandis que les indépendantistes du Front Polisario réclament un référendum d’autodétermination, prévu par l’ONU lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu, mais jamais concrétisé.

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