Epargne : que valent les assurances-vie 100 % vertes ?

Epargne : que valent les assurances-vie 100 % vertes ?

Donner du sens à son épargne, oui ! Mais comment s’y prendre face à l’hétérogénéité des fonds proposés en assurance-vie ? “C’est quasiment impossible à ce jour sur les offres traditionnelles”, estime Ariel Le Bourdonnec, chargé de campagne assurance au sein de l’ONG Reclaim Finance, qui cherche à “mettre la finance au service du climat”. Deux néobanques entendent pourtant changer la donne.

“Pour nous, aller sur l’assurance-vie était logique. On offre ainsi un moyen simple d’investir de manière éthique”, relate Maëva Courtois, la fondatrice d’Hélios, qui vient de se lancer en janvier en partenariat avec Goodvest, une société d’investissement engagée pour l’environnement. Aujourd’hui, ce produit est réservé aux nouveaux clients. Mais 10 % de ceux déjà présents, sur les 25 000 comptes ouverts à ce jour, se sont dits intéressés et pourront y accéder dans les prochains mois. Green-Got, qui se définit comme “une alternative bancaire qui finance la transition écologique et énergétique”, s’est également lancé en février. La société finit tout juste d’absorber les plus de 20 000 demandes de souscription, avec une collecte moyenne par client de 6 000 euros. Ces deux offres proposent une gestion clés en main, avec des portefeuilles soigneusement construits.

Une sélection de fonds drastique

Les deux fintechs ont été très sélectives, s’appuyant notamment sur les expertises de Carbon4Finance, cofondé par le médiatique Jean-Marc Jancovici. “Notre but est clairement d’aller au-delà du greenwashing que nous observons à tous les niveaux, chez les sociétés de gestion mais aussi chez les bancassureurs traditionnels, qui avancent trop doucement sur le sujet, note Joseph Choueifaty, cofondateur de Goodvest. Il y a près de 8 000 fonds intégrant des critères extra-financiers aujourd’hui. Nous n’en avons référencé que 28.” Quatorze d’entre eux ont intégré les portefeuilles gérés par la fintech, les autres offrent des opportunités de réallocation si certains produits actuellement privilégiés déviaient du cahier des charges.

“99,6 % des fonds n’ont pas passé nos critères d’exigence, renchérit Andréa Ganovelli, directeur général de Green-Got. C’est, selon nous, la méthode la plus stricte du marché.” Elle intègre notamment des exclusions rigoureuses sur les énergies fossiles. “Ces démarches sont très intéressantes pour les épargnants qui peinent à y voir clair, analyse Ariel Le Bourdonnec. Les deux établissements proposent pour la première fois des unités de comptes sélectionnées selon une méthodologie que nous jugeons à la hauteur de l’enjeu. Celle-ci permet d’aller beaucoup plus loin que les labels ISR et Finansol, qui ne sont pas assez exigeants à nos yeux.”

Des frais conséquents

Outre le sens donné à votre épargne, le produit reste classique. Pour les deux contrats, c’est Generali qui opère, ce qui vous garantit une protection en cas de défaillance de ces néobanques. Attention tout de même : Hélios et Green-Got ne proposent que des unités de compte, pas de fonds euros à capital garanti ! Reste donc à étudier les possibilités de performance. Du fait de la jeunesse de ces offres, il existe peu d’historique. Green-Got indique toutefois : “En 2023, nous avons constaté une performance sur les quatre portefeuilles comprise entre 4,32 % et 9,71 % sur l’année, nette de frais.” Chez Goodvest, l’année dernière, les rendements ont atteint entre 4,63 % et 11,43 %, selon le profil de risque. Les deux acteurs s’accordent sur un point : miser sur des problématiques de transition énergétique constitue un gage de résilience et de meilleurs résultats à l’avenir.

Mais si les performances sont des promesses, les frais sont des certitudes. Rien que pour le contrat, ils s’élèvent à 1,6 % du total des encours par an chez Green-Got, et à 1,5 % pour les contrats en gestion pilotée chez Hélios/Goodvest. Les frais spécifiques des fonds s’y ajoutent. A noter, le premier privilégie la gestion active alors que le second intègre des ETF – fonds indiciels cotés –, qui répliquent des indices de marché. L’approche de Green-Got est, de fait, plus onéreuse mais elle permet d’insérer du non coté – ou private equity – et de l’immobilier, pour une meilleure diversification. Deux stratégies différentes, au nom d’une même philosophie.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *