Air, terre, mer : les chiffres de l’aide humanitaire acheminée à Gaza

Air, terre, mer : les chiffres de l’aide humanitaire acheminée à Gaza

Vendredi 15 mars, un bateau de l’ONG espagnole Open Arms transportant près de 200 tonnes de nourriture, soit 300 000 repas préparés par une autre ONG, World Central Kitchen, est arrivé le long des côtes de la bande de Gaza. Il s’agit de l’une des premières livraisons d’aide humanitaire par voie maritime à destination du territoire palestinien, dévasté par la guerre qui a débuté le 7 octobre dernier. La barge a été remorquée depuis Chypre, pays de l’Union européenne le plus proche géographiquement de Gaza.

Plus de cinq mois après le début du conflit dans la bande de Gaza, les 2,3 millions de civils palestiniens déplacés font face à une situation humanitaire catastrophique. Selon l’ONU “une famine généralisée” est désormais presque “inévitable”. Dans la partie nord de l’enclave, la plus difficile d’accès, un enfant de moins de deux ans sur trois souffre de malnutrition sévère, selon l’Unicef. En début de semaine, l’UNRWA rapportait également qu’au moins “23 enfants étaient morts de déshydratation et de malnutrition dans le nord de la bande de Gaza récemment”. L’Express fait un point sur les différentes opérations qui ont pour but d’acheminer davantage d’aide humanitaire vers le territoire palestinien.

Acheminement terrestre

La majeure partie de l’aide humanitaire qui arrive à Gaza transite par voie terrestre, en particulier via le sud de la bande, depuis les postes frontaliers de Rafah et Karem Abu Salem. Selon l’UNRWA “les 14 premiers jours de mars ont connu en moyenne l’entrée de 169 camions humanitaires quotidiennement dans la bande de Gaza”, une quantité bien en deçà de celle qui était acheminée avant le début de la guerre, à savoir 500 camions – sans oublier le fait que la production de nourriture sur le territoire a été gravement affectée.

De plus, “la sécurité nécessaire à la gestion de ces points de passage a été impactée par la mort de plusieurs policiers palestiniens lors de frappes aériennes israéliennes début février”, a indiqué l’agence de l’Onusienne en charge des réfugiés palestiniens. Mardi 12 mars, les Nations Unies ont expérimenté une nouvelle route afin de délivrer de la nourriture dans le nord de la bande de Gaza. Cette dernière est normalement empruntée par l’armée israélienne et relie le kibboutz de Be’eri au territoire palestinien, indique le Times of Israel. Un porte-parole du Programme alimentaire mondial, Shaza Moghraby, a déclaré que le convoi avait livré l’équivalent de 25 000 repas vers la ville de Gaza.

Largages aériens

Mais face aux blocages persistants d’Israël pour acheminer l’aide humanitaire, ces livraisons demeurent trop faibles étant donné les besoins de la population civile. Plusieurs pays ont ainsi mis en place des mesures alternatives, par les airs, pour faire parvenir nourriture, eau, carburant ou encore médicaments.

Ces derniers jours, les Etats-Unis, la Jordanie, l’Egypte, la France, la Belgique et les Pays-Bas ont fait parvenir de l’aide par voie aérienne. Les Etats-Unis ont par exemple envoyé la semaine dernière 38 000 repas, dans une opération conjointe avec la Jordanie. Mais ces parachutages sont controversés, considérés comme insuffisants pour répondre aux besoins de 2,3 millions de Gazaouis, et ne permettant pas une allocation optimale de l’aide. De plus, ils s’avèrent dangereux : le 8 mars dernier, des journalistes palestiniens ont rapporté auprès de CNN la mort de cinq personnes, écrasées lors du largage de l’aide américaine sur le camp de réfugiés de Al Shati.

Corridor maritime

Vendredi 8 mars, l’Union européenne et les Etats-Unis avaient également annoncé l’ouverture d’un corridor maritime depuis Chypre. “Nous sommes très proches de l’ouverture de ce corridor, avec un peu de chance dès ce dimanche”, s’était félicitée la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au port de Larnaca dans le sud de Chypre, le pays de l’Union européenne géographiquement le plus proche de Gaza. L’armée américaine a également annoncé construire une jetée temporaire dans la bande afin d’acheminer les cargaisons vers le territoire.

Après l’arrivée du premier bateau d’aide humanitaire vendredi, le porte-parole du ministère chypriote des Affaires étrangères, Theodoros Gotsis, a indiqué ce samedi 16 mars qu’un second navire, baptisé “Jennifer”, était prêt à partir “aujourd’hui (samedi) ou demain (dimanche)” pour la bande de Gaza, via le même couloir humanitaire maritime. Il sera chargé de 240 tonnes de nourriture, comprenant du riz, de la farine, de l’huile, des conserves de protéines et de légumes ainsi que des dattes, produit consommé traditionnellement pendant le ramadan.

Selon Le Monde, une autre opération est en cours d’élaboration par “la société américaine Forgow, fondée par Sam Mundy, ancien officier du corps des marines […] en passant aussi par le hub chypriote. Un lieu de débarquement a été identifié sur la côte, au nord” avec l’accord de l’administration israélienne et “en coordination avec les Nations unies.”

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