Recul de l’espérance de vie : l’effet dévastateur du Covid

Recul de l’espérance de vie : l’effet dévastateur du Covid

La pandémie aurait-elle sonné le glas de soixante-dix ans de progression – que l’on pensait irréversible – de l’espérance de vie ? Peut-être bien que oui. Car, avec près de 7 millions de morts en un peu moins de quatre ans, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Covid-19 a largement contribué à faire reculer l’espérance de vie dans le monde. C’est ce que confirme une étude parue lundi 11 mars dans The Lancet.

D’après la revue britannique, le taux de mortalité mondiale aurait augmenté de 5,1 % sur la période de la pandémie, qui court de 2020 à 2021. Et ce alors même qu’il n’avait cessé de diminuer depuis les années 1950. En effet, entre 1950 et 2021, l’espérance de vie mondiale à la naissance a augmenté de 22,7 ans, passant de 49 ans à 71,7 ans. Or, sur les deux années de crise sanitaire, celle-ci a régressé de plus d’un an et demi, “inversant ainsi les tendances historiques”, souligne l’étude.

Un recul qui concerne le monde entier

Et l’atrophie observée par les chercheurs est loin d’être négligeable : le recul de l’espérance de vie aurait touché 84 % des quelque 204 pays et territoires passés au crible, soit la quasi-totalité des Etats. “Chez les adultes du monde entier, la pandémie de Covid a eu un impact sans équivalent depuis un demi-siècle, même en prenant en compte les guerres et les catastrophes naturelles”, a souligné le principal auteur de l’étude, Austin Schumacher, chercheur à l’Institut de métrique et d’évaluation de la santé (Institute for Health Metrics and Evaluation, IHME) de l’université de Washington.

Ainsi, entre 2019 et 2021, l’augmentation de l’espérance de vie observée sur les soixante-dix dernières années n’a été confirmée que dans 32 Etats. A l’inverse, dans la quasi-totalité des pays, les taux de mortalité infantile ont continué à diminuer, bien que plus lentement que les années précédentes. En effet, si l’on effectue un zoom sur la population âgée de moins de 5 ans, en 2021, quelque 500 000 décès de moins qu’en 2019 ont été enregistrés.

“Un progrès extraordinaire”, se réjouit une chercheuse à l’IHME, Hmwe Hmwe Kyu, qui estime désormais prioritaires l’éviction d’une “prochaine pandémie” ainsi que la réduction “des grandes disparités d’un pays à l’autre en matière de santé”.

Quid du nombre de morts liées directement au Covid-19 ?

Reste que l’étude publiée par The Lancet ne permet pas de distinguer clairement les décès directement liés au Covid de ceux provoqués par les conséquences des restrictions sanitaires mises en place pour contenir l’épidémie.

En effet, les chercheurs estiment le nombre de décès en 2020 et 2021 à 131 millions, dont de 9 à 15 millions seraient liés à la pandémie de Covid-19. Des chiffres qui englobent à la fois “les décès directement dus à l’infection par le Sras-CoV-2 et ceux indirectement liés, car dus à des changements sociaux économiques ou comportements associés à la pandémie”, précise le rapport.

“On peut penser à des difficultés d’accès aux soins ainsi qu’à un isolement social plus important qui a pu jouer sur des différences de comportement et de consommation”, avait expliqué Anne Fouillet, épidémiologiste à Santé publique France, à nos confrères de l’AFP, en décembre dernier.

En France, près de 130 000 personnes sont mortes du Covid-19 entre 2020 et 2021, année pendant laquelle la pandémie a été responsable de près de 10 % des décès survenus dans l’Hexagone.

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