Travail : six étapes pour réussir sa reconversion professionnelle

Travail : six étapes pour réussir sa reconversion professionnelle

Qui n’a jamais pensé tout plaquer pour changer de métier ? Parfois subie, souvent choisie, la reconversion n’a jamais autant taraudé les Français, surtout après la pandémie de Covid-19. Pour donner du sens à leur quotidien, mieux gagner leur vie ou tout simplement changer d’air. Voici les clefs pour réussir ce tournant vital, étape par étape, en fonction de vos diplômes et de votre âge.

Héloïse Letellier était directrice marketing d’une grande marque de cosmétique quand elle a décidé de tout plaquer pour devenir orthophoniste. Un sacré défi pour la Francilienne, qui a dû rempiler pour cinq ans d’études. “J’ai fait une rupture conventionnelle, et Pôle emploi (ancien nom de France Travail) m’a versé l’allocation d’aide au retour à l’emploi formation (Aref) pendant deux ans”, confie la quadra. Elle a ensuite fait des missions de conseil, en parallèle de ses études, pour joindre les deux bouts. “Mais ça en vaut la peine, c’est le job que j’ai toujours voulu faire !” témoigne cette courageuse mère de quatre garçons.

Changer de carrière, voilà un projet qui attire de plus en plus de Français. 1 actif sur 2 pense à changer d’emploi, et 21 % des personnes interrogées sont en train de préparer leur reconversion professionnelle, si l’on en croit l’enquête réalisée l’an dernier par Centre inffo, un spécialiste de la formation professionnelle, auprès de 1 600 adultes. La pandémie a accéléré les prises de conscience. “Les gens ont coupé leur routine, modifié leurs habitudes, ils ont pris le temps de se poser. Beaucoup se sont demandé s’ils ne voulaient pas vivre autrement”, témoigne Nicole Levy, coach professionnelle certifiée. La spécialiste accompagne des actifs en pleine crise de la quarantaine, mais aussi, de plus en plus, des jeunes de moins de 30 ans. “Ils vont plus vite que nous. Ils n’attendent pas de s’épuiser pour se poser les bonnes questions”, sourit-elle. L’innovation numérique modifie la façon dont les employés envisagent leur carrière. D’autant que les disruptions technologiques comme l’intelligence artificielle bouleversent les métiers. “La formation continue devient un complément indispensable à la formation initiale”, estime Romain Paillard, cofondateur du Wagon, un programme intensif sur les métiers de la tech. Les pouvoirs publics tentent de suivre le mouvement, mais il faut du courage pour s’y retrouver dans le maquis des aides. Parcours en six étapes.

1. Se poser les bonnes questions

Qu’est-ce qui vous donne envie de changer : le contenu de votre métier, sa finalité, l’environnement de travail, les horaires, vos revenus… ? La reconversion n’est qu’une solution parmi d’autres. “A l’issue d’un bilan de compétences, environ un tiers des gens se tournent vers un nouveau métier. Les autres vont par exemple changer d’équipe, d’entreprise, ou se mettre à leur compte tout en gardant la même activité”, pointe Ludovic de Gromard, cofondateur de Chance, un programme qui a assisté plus de 20 000 actifs dans leurs projets pros depuis 2015. Pour nourrir sa réflexion, l’individu pourra d’abord “rêver grand”, puis resserrer les options en fonction de leur faisabilité. Notamment en rencontrant des personnes du métier.

2. Se faire aider

C’est bien une reconversion que vous envisagez ? La perspective de quitter son job pour tenter une aventure ailleurs paraît parfois vertigineuse. Solliciter un coach ou faire un bilan de compétences peut aider à faire le point et accroître la motivation – notamment pour tous ceux qui se sont approchés dangereusement du burn-out. “Certains de mes clients ont un CV en béton et un très bon réseau. Sur le papier, ils savent se débrouiller tout seuls. Mais ils souffrent tellement de leur emploi actuel que quelque chose en eux a cassé, alors ils doutent. Je les aide à combattre leurs croyances limitantes”, explique Nicole Levy. Il vaut mieux choisir un coach certifié, lui-même supervisé par un autre coach. Pour éviter de tomber sur un charlatan, on consultera les sites des trois fédérations, EMCC, ICF ou SFCoach. Le compte personnel de formation (CPF) finance des bilans de compétences, dont certains prodigués par des coachs. “Ceux qui ont un budget limité peuvent demander un coaching solidaire auprès des fédérations. On peut trouver des séances à 50 euros”, précise Nicole Levy. A noter que les pouvoirs publics proposent un dispositif d’accompagnement personnalisé, le conseil en évolution professionnelle (CEP), totalement gratuit.

3. Se confronter au réel

Avant de signer pour plusieurs mois ou années de formation, il importe de se faire une idée concrète de celle-ci, et pas seulement en se rendant sur des forums de l’emploi. Il existe probablement des cours en ligne (Mooc) sur le métier visé, dont il peut être intéressant de suivre quelques modules. “Le Wagon organise des soirées gratuites pour que les candidats aient une première vision de notre formation. Nous animons aussi des ateliers d’une journée dédiés aux femmes qui envisagent une carrière dans la tech. Les candidats peuvent assister aux démos de nos stagiaires en fin de formation. C’est une excellente occasion d’échanger avec eux”, expose Romain Paillard.

4. Choisir la bonne formation

Il est très facile de trouver sur Internet des avis sur les restaurants ou les hôtels, mais beaucoup plus difficile de juger de la solidité d’un organisme de formation. Il existe néanmoins quelques sites de référence, comme SwitchUp ou Course Report dans la tech. Rien de tel que de parler à des gens du métier pour repérer les cursus les plus utiles et reconnus dans leur domaine – en demandant à chaque rencontre d’autres contacts pour multiplier et croiser les avis. Ceux qui ne peuvent absolument pas quitter leur job actuel se tourneront vers le Centre national d’enseignement à distance (Cned) ou des modules de téléenseignement qu’ils suivront en parallèle de leur travail. Les formules intensives de type boot camp sur quelques semaines, proposées par exemple par le Wagon dans le numérique ou la Solive dans la rénovation énergétique, plaisent par leur côté pratique. “Le ratio d’encadrement constitue un indicateur particulièrement pertinent. Ce n’est pas la même chose d’avoir un prof pour 8 élèves et un pour 20 !” souligne Romain Paillard.

5. Trouver les financements

Etape cruciale et difficile, le volet financier constitue le principal frein à la reconversion. Comment se former à un nouveau métier quand on a un crédit à rembourser et des enfants à charge ? “Il existe de nombreux outils, souvent complexes et pas toujours aisés à mobiliser”, prévient l’avocat Franck Morel, auteur d’une étude de l’Institut Montaigne en 2022 sur la reconversion professionnelle. Outre le fameux CPF, on citera notamment le dispositif Transitions pro, qui a financé plus de 160 000 projets depuis 2020. “Ils font du sur-mesure, et versent un substitut de rémunération pendant votre formation. C’est la Rolls-Royce de la reconversion”, ajoute Franck Morel. Par ailleurs, France Travail a lancé en 2019 le dispositif Démission-reconversion, qui donne droit à l’allocation-chômage à condition d’exercer une activité salariée depuis au moins cinq ans.

6. Se créer un réseau

Une formation procure les compétences et la légitimité nécessaires à un nouveau métier. Il faut en profiter pour cultiver son réseau, d’autant que “les parcours non linéaires ne sont pas toujours bien accueillis, surtout en France”, selon Ludovic de Gromard. C’est pourquoi la plateforme Chance a mis en place un système d’entraide par cooptation. Toutes les rencontres que vous ferez dans la phase d’exploration de votre futur métier sont des contacts à entretenir pour réussir au mieux votre reconversion.

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